DENIS Edgard - Sgt - Mat 10124

Staff Coy - Military Police

 

 

Sgt Edgard Denis
Staff Coy - Military Police
Matricule : 10124

 

« Edgard Denis,  nous conte quelques-uns de ses souvenirs… »

 

Au lendemain de la libération de Bruxelles,  il a rallié la fameuse « Brigade Piron ». « Fondée en Grande-Bretagne,  raconte-il,  elle est arrivée en Belgique le 3 septembre 1944,  par Rongy.  Mais auparavant,  le colonel Piron avait envoyé quelqu’un à Bruxelles pour « tâter » le terrain.  Les émissaires ont été accueillis par le bourgmestre de Bruxelles,  Omer Van de Meulebroeck,  qui reprenait justement possession de ses bureaux.  L’après-midi du 4 septembre,  la brigade s’est installée à la caserne des Grenadiers.  Grenadier moi-même,  et résistant, je me suis dit :  allons voir ça et proposer nos services !  Parmi ceux qui se sont
présentés,  200 ont été retenus,  dont moi !  Il nous a fallu encore attendre jusqu’au 12 octobre pour l’instruction,  à Bourg-Léopold.  Parmi ces recrues, beaucoup étaient très jeunes et n’avaient même pas encore été à l’armée.  Bon nombre de ces jeunes furent malheureusement tués au cours de la première et la deuxième campagne de Hollande... ».

Edgard Denis était sergent,  sous-officier de police militaire à L’Etat-Major.  « C’était pas très glorieux »,  remarque-t-il modestement.  Il est resté « officiellement » jusqu’au 8 mai 1945 à la brigade Piron mais a été libéré en décembre de la même année seulement :  « Cela ne comptait plus,  c’était de l’occupation,  on n’était plus vraiment en guerre ! ».

 


« Les MP de la Brigade »  (Oelde en Juillet 1945). 1er à gauche, Edgard Denis

 

« Des tanks anglais boulevard Brand Witlock »

 

Des jours de la Libération de Bruxelles,  Edgard Denis garde quelques souvenirs précis.  « La nuit du 3 au 4 septembre,  des tanks anglais et canadiens sont passés sur le boulevard Brand Witlock.  Il devait être 4 ou 5 heures du matin et les habitants,  en chemise de nuit et pijamas,  sont descendus dans la rue pour les voir.  Un type a même sonné du clairon sur le parvis Saint-Henri !  Ils en ont fait du bruit cette nuit-là !  Au centre-ville,  c’est la folie :  la Grand-Place était noire de monde,  il y avait tout le temps des bals,  avec de la musique américaine et britannique... Combien de filles,  à cette époque ne sont pas montées sur les tanks pour accompagner les libérateurs jusqu’en Allemagne !
Bien sûr,  on a vu d’autres choses moins drôles :  au coin de l’avenue de la Renaissance et de l’avenue de Cortenberg,  le 4 septembre au soir,  je me baladais avec des amis et on a vu un tank allemand bloqué,  avec ses trois occupants,  morts,  étendus sur le trottoir...

« Et puis,  il y a eu,  aussi,  les femmes qui avaient eu des relations avec les collabos ou les Allemands qu’on a rasées.  C’étaient pas beau à voir !
Mais il n’y avait évidemment pas de contrôle... Le mari-collabo d’une femme qui allait être rasée est même venu me supplier d’empêcher cela.  Il m’a dit : « C’est grâce à moi que tu n’as pas été abattu ! »  Beaucoup de résistants ont été descendus par les « noirs » à Woluwe-Saint-Lambert :  les rues de la commune en portent d’ailleurs les noms !  Le fils du bourgmestre de l’époque,  Servais,  et son épouse,  enceinte,  ont été abattus dans une cave... ».

 

« Leur flanquer une dérouillée »

 

« Certains membres de la brigade Piron avaient perdu de la famille comme cela.  Aussi,  ils ne rêvaient que d’une chose quand on prenait des SS,  c’était de leur flanquer une dérouillée ! ».


Un souvenir qui a aussi particulièrement marqué Edgard Denis,  c’est l’incendie du Palais de Justice de Bruxelles.
« Les Allemands y ont bouté le feu le 3 septembre,  avant de s’en aller.  Ont disparu ainsi,  tous les documents qui concernaient les patriotes,  les résistants... et ce qui s’était passé dans les caves du Palais.  On a vu la colonne de fumée de Woluwe !  Dès que les Allemands ont déguerpi,  toute la population des environs a donné un coup de main pour circonscrire l’incendie... ».

 

Edgard Denis a encore bien d’autres souvenirs,  mais ils se teintent de nostalgie quand il dénombre les camarades décédés :  « Et beaucoup étaient plus jeunes que moi ! ».

 

 

 

Marié en 1950,  le sergent Denis a eu trois fils et deux petits-enfants.  Toujours hyperactif,  Edgard Denis ne lâche pas la Brigade Piron :  administrateur délégué,  il veille à ce qu’on n’oublie pas...

 

Ernest Rasquin et Edgard Denis 1945
Les anciens de Grande-Bretagne

 

 

 


La carte des états de service du sergent Denis :  il fut milicien, volontaire de guerre et résistant armé.

 

Extrait :
« LA LANTERNE,  édition du 2 et 3 Septembre 1989 »
  ‘Bruxelles et sa région’
article écrit par Annick Merckx.

 

Mise en page par Didier Dufrane

 

ndlr : Edgard Denis est décédé le 14 juillet 2008 à l’âge de 89 ans .

Message posté dans le Livre d'Or du site par Madame Véronique DENIS-SIMON le 16/07/2008 :

"Je tiens absolument à vous féliciter pour ce merveilleux site, véritable ouvrage de mémoire. Je l'ai consulté aujourd'hui car je vais faire le discours aux funérailles ce vendredi 18 juillet 2008 à l'église Saint-Henri de Woluwé-Saint-Lambert de mon beau-père Edgard Denis qui fut milicien, volontaire de guerre, résistant armé et avait rejoint la Brigade Piron au lendemain de la libération de Bruxelles. Il est décédé lundi 14 juillet dernier à l'âge respectable de 89 ans. J'ai toujours aimé écouter ses récits de guerre. Pour vous dire tout l'intérêt et le respect que je porte aux anciens, je suis moi-même Echevine des anciens combattants à Braine-l'Alleud et j'ai eu mes deux grands-pères qui ont été prisonniers de guerre dont un qui a été capturé après la fameuse campagne des 18 jours et a été emprisonné 5 ans comme officier dans un Oflag à Prenzlau en Allemagne. J'aime lire son journal de campagne qui comprend beaucoup de détails. Je compte le publier un jour. Encore merci pour la belle mise en valeur de la Brigade Piron. Si vous me dites comment, je vous enverrai une photo d'Edgard Denis sur sa moto pendant la guerre afin de la mettre en face de son nom sur votre site. Cela me ferait plaisir pour sa mémoire."

Bien à vous, Véronique DENIS-SIMON