DEWANDRE Roger - Lt - Mat 42057

Escadron d'Autos-blindées

Troop 2 Commander

 

Lt Dewandre Roger
Armoured Cars Squadron
matricule : 42057
né le 23 août 1918

 

Envoyé en France en mai 1940 avec le Centre d’instruction pour officiers d’artillerie, Roger Dewandre quitte son unité lorsque celle-ci est renvoyée en Belgique.  Il passe les Pyrénées en janvier 1941.  Ce jeune sous-lieutenant, a rallié Barcelone, Madrid, Badujoz et Lisbonne sans ennuis.  Passager clandestin sur un bateau en partance pour Gibraltar et il est sauvé.  Il rejoint ensuite la Grande-Bretagne le 16 mai 1941.  C’est un record.  Il participe à la formation de l’Escadron blindé de la Brigade Piron.

Pendant la campagne de Normandie,  l’escadron d’autos blindées de la Brigade Piron se trouvait aux ordres de la 6e division aéroportée britannique du Général Richard Gale.  Le 20 août 1944,  elle reçoit l’ordre de rejoindre le régiment de reconnaissance de la division aéroportée.  Celui-ci est commandé par le colonel Stuart qui va rapidement faire bon ménage avec les Belges. 

 

C’était à Dozulé,  le 20 août 1944

Présentons brièvement ces derniers.  L’escadron belge est aux ordres du major Frédéric de Selliers de Moranville dit « Friquet ».  Ce « seigneur » a choisi comme bras droit,  le capitaine Christian Lancksweert,  un « preux ».  Son officier de transmissions,  sur lequel reposent toutes les liaisons, est le lieutenant Totelin, un « expert ».  Cet état-major forme à lui seul l’une des sections de cet escadron qui comprend CINQ TROOPS baptisées selon l’alphabet anglais.  Chacune de ces sections comporte trois autos blindées du modèle le plus récent,  des «DAIMLER ».  On compte aussi deux voitures de reconnaissance appelées « SCOUT-CARS » et deux JEEPS montées chacune par quatre voltigeurs.  Deux motocyclistes complètent l’effectif.  N’est-ce pas le rêve de tout officier subalterne ?  Etre à la tête de cette petite « armée » dont la flexibilité et la puissance sont l’apanage !

 

auto blindée  "Daimler"
voiture de reconnaissance "Scout-Car"

Les noms des titulaires doivent être cités.  Ils sont les héros de ces 10 jours entre l’Orne et la Seine.  Jules Floridor a repris la TROOP 1 de Sauvage blessé à Sallenelles.  Dewandre est un polytechnicien plein d’allant,  il va gagner la MILITARY CROSS dont les Anglais sont si avares.  Pelsmaekers,  dit « Le Fus »,  incarne le bon sens et la bonne humeur.  Verhaeghe de Nayer est un des fondateurs de l’escadron et en connaît tous les arcanes.  Enfin,  le comte d’Oultrement de Warfusée,  alias « Charles-Emile » est un croisé qui rallie ses hommes à son « panache blanc ».

Les voilà tous les cinq autour de la Daimler de Friquet,  à Putot,  pour recevoir des ordres.  Le colonel Stuart leur dit : « Devant vous,  DOZULE est en flammes.  Je ne sais pas où se trouve l’ennemi.  Je ne sais même pas où se trouvent nos propres troupes... Bonne chance ! ».

Il est peut-être utile,  pour le profane,  de définir l’utilisation des troupes de reconnaissance.  Elle sont « les yeux et les oreilles » du commandement.  Jadis à cheval,  les « chasseurs » mettaient pied à terre pour observer l’ennemi avec des ruses de sioux et rapporter des renseignements au général.  Rien n’a changé,  sauf la rapidité : la radio,  le moteur,  les estafettes.  Les liaisons sont capitales.
La peur est leur salaire.  Ils sont les premiers sur la ligne de feu.

En ce 20 août 1944,  Friquet lance ses « pions » en éventail,  à partir de Putot-en-Auge :  Roger Dewandre,  TROOP 2,  sur l’axe DOZULE-ANNEBAULT.

Le « Fus » le long de la route Panier,  Saint-Léger,  Le Bocage.  Charles-Emile entraîne ses blindés de Saint-Léger vers Les Bois et Chapelle-Hainfray.
Comme ils sont les PREMIERS sur ces itinéraires,  ils sont les LIBERATEURS des endroits cités.  Et il leur est difficile d’échapper à l’enthousiasme des populations locales pour accomplir leur mission.  S’ils avaient du boire tout le calva qui leur était offert et cédé à toutes les filles qui les étreignaient...

On est le 21 août 1944.  Il est six heures.  Le soleil se lève.  Le brigadier James Hill se plaint d’avoir perdu ses liaisons avec ses unités.  Il VEUT des renseignements.

Il est 6 heures 45 quand la TROOP 2 de Dewandre aborde DOZULE par la grand’route.  L’orée du village est occupée par des paras britanniques.  Au carrefour D’ANNEBAULT, Dewandre interroge une femme : « Vous avez vu des Allemands ? ».  « Monsieur,  répond la brave dame,  il n’y a que ça... »
L’équipage s’esclaffe !  Et comme pour leur porter chance,  ils font quatre prisonniers qui sortent d’une habitation,  les mains en l’air.

Roger Dewandre signale que DOZULE est vide.  L’ennemi s’est retiré.  La ville brûle.  Le scout-car qui ferme la marche,  saute sur une mine.  L’équipage s’en tire heureusement indemne.  Le reste de la section ne sort de la bourgade que vers 8 heures.  Dans ce réseau  radiophonique qui unit tous les équipages d’un escadron,  tous sont au courant de la situation et vivent les aventures les uns des autres.  Pelsmaekers appelle « Sunray » (Friquet de Selliers) pour lui apprendre qu’il rencontre les plus grandes difficultés sur la route de Saint-Léger ;  aussi est-il rappelé sur DOZULE.

A 9 heures 10,  Dewandre tombe au Bourg sur des armes automatiques allemandes.  Il signale ses quatre prisonniers mais se trouve bloqué par des tirs de mortiers et d’armes anti-chars.  Une patrouille rentre de BRANVILLE en signalant l’endroit occupé.  Par contre,  d’Oultrement traverse BEAUFOUR sans rencontrer de résistance.  A la sortie,  il fait deux prisonniers.  Friquet  envoie Verhaeghe contourner BRANVILLE par l’ouest mais le carrefour y conduisant est fort défendu.  Pelsmaekers qui a réussi à rejoindre son itinéraire imposé via DOZULE,  traverse LE BOCAGE sans ennuis mais à la sortie quel carnage... Le scout-car de tête est tombé sur une ferme bourrée d’Allemands.  Il en descend la plupart,  fait des prisonniers et met les survivants en fuite.

Il est 15 heures. Tout l’escadron est bloqué par des tirs meurtriers déclenchés depuis les hauteurs jalonnant la route BRANVILLE-ANNEBAULT-LA CHAPELLE HAINFRAY.

Jules Floridor,  qui fut envoyé vers Cresseveuille,  s’est embourbé.  Il est évident qu’il faut organiser une attaque pour déloger l’ennemi.  Les parachutistes arrivent.  James Hill rejoint Friquet de Selliers et doute de la continuité de la ligne de résistance.  Il insiste pour vérifier l’occupation de BRANVILLE,  bien que les renseignements transmis par Verhaeghe soient clairs.  C’est un ordre... Il FAUT entrer dans BRANVILLE.  Cette fois c’est à Dewandre qu’il incombe de secouer l’ennemi.  Il est relevé sur son axe par l’infanterie britannique et fonce sur LE BOURG et DANESTAL pour être à 18 heures 25 aux lisières de BRANVILLE.

BRANVILLE

La scène se passe comme en manoeuvre mais les coeurs battent... CYCLOON et COBRA,  les scout-cars de Matagne et de Harrewyn ont vérifié leur Bren-Gun. Salman et Liénard ont introduit un obus dans leur canon.  Les deux motards, Van Craen et Imbreckx se faufilent prudemment derrière les blindés qui les précèdent.

Dewandre décide de laisser deux autos blindées,  et les Jeeps des Voltigeurs,  pour surveiller l’orée du village et couvrir sa retraite.  Il s’avance avec sa Daimler « Calamity » dans BRANVILLE derrière le scout-car de Matagne. Ils sont prêts à se soutenir par le feu.  Le doigt sur la détente.  Et quelle n’est pas leur stupéfaction de tomber sur un détachement allemand qui se rassemble au milieu de la rue,  comme à la parade ou l’appel du soir.  C’est la panique chez l’ennemi.  Les voitures de Dewandre font feu de toutes leurs armes.  De toutes les maisons qui bordent la rue sortent des Allemands,  comme d’une fourmillière.
Matagne fonce avec sa voiture de reconnaissance pour trouver un débouché au nord du village.  Il tombe nez à nez avec un canon anti-chars et doit rebrousser chemin.  Les autres rues de la localité sont signalées comme « minées ».  Dewandre ne voit qu’une solution : décrocher avant de se voir interdire toute retraite,  avant surtout que l’ennemi,  revenu de sa surprise,  emploie ses Panzer Faust,  cette ignoble charge creuse au bout d’un tuyau de poêle.
Le détachement,  resté à la lisière pour le couvrir ne chôme pas.  Les deux canons,  les deux mitrailleuses Besa,  les bren et les mortiers de 2 pouces des voltigeurs déchirent l’air de leurs feux,  pour interdire toute réaction ennemie.

Il est 19 heures 25 quand Dewandre rapporte à son chef d’escadron des renseignements dont le poids n’est plus à détailler.  Une section de reconnaissance blindée a créé la panique dans une compagnie allemande et rentre sans avoir perdu ni une voiture,  ni un homme.  On imagine la dose de sang-froid des participants à cette action et la qualité de leur entraînement.  Aussi n’est-il
pas étonnant qu’ils sont exténués après ces émotions hors du commun.

Par cet exploit,  Roger Dewandre fut décoré de la MILITARY CROSS .

MILITARY CROSS

Aujourd’hui,  l’escadron belge a progressé de 12 kilomètres en liquidant les résistances locales trouvées sur son chemin.  Il rentre avec quinze prisonniers.
Il a causé d’innombrables pertes dans les rangs allemands.  Et parmi ses propres troupes,  le major Frédéric de Selliers de Moranville ne compte que trois blessés et la perte d’une voiture de reconnaissance.

Les premiers prisonniers
Le major de Selliers de Moranville traverse un village normand dévasté

Vers Pont-l’Evêque. Le major de Selliers s’adresse au Lt. Grosjean

(le SLt. Totelin en deuxième position) 

Le 2 septembre,  le 49e Recce relève l’Escadron face au Havre

(le Lt. Dewandre marque la carte de l’officier britannique)

                                                              

 Grande-Place de Bruxelles,  le 10 mars 1945
Le maréchal Montgommery décore Roger Dewandre
de la Military Cross sous le regard du colonel Piron

 

A la fin de la guerre,  Roger Dewandre participe à la mise sur pied de l’Ecole des troupes blindées.

Il fit ensuite une carrière brillante que couronne,  en 1976,  sa nomination au grade de lieutenant général,  chef d’état-major au quartier général des Forces alliées Centre Europe.  Il est pensionné en 1979.  Sa femme est d’origine britannique.  Elle servit dans la Royal Air Force durant la Seconde Guerre mondiale.


Lieutenant Général Roger Dewandre

 

Extraits d’histoires :
« 1944 Des Belges en Normandie » par Guy Weber
« Au Galop de nos Blindés » par Roger Dewandre