LEDENT Florent - Cpn

Artillery Battery - A Troop Commander

 

Capitaine Ledent Florent
Artillery Battery – Staff
Commandant de la “A” Troop

 

Le lieutenant Florent Ledent a participé à la campagne des 18 jours.  Après quoi,  il devint prisonnier de guerre.  Il s’est évadé de l’Oflag IIA de Prenzlau en compagnie du commandant Victor Legrand,  également artilleur.
Le colonel d’artillerie Bolle a donné son nom à une organisation chargée de préparer les évasions (faux papiers,  vêtements,  cartes...).  Cette organisation leur donna l’occasion de s’enfuir,  le 22 juillet 1943.  Ils devaient rejoindre Danzig et tenter de s’embarquer sur un charbonnier suédois.  Malheureusement après multiples tentatives manquées,  ils ont décidé de retourner à Prenzlau pour reprendre contact avec l’organisation Bolle et obtenir des renseignements sur une filière espagnole.  Celle-ci s’avérera par la suite la bonne solution.

Victor Legrand et moi-même avons alors entrepris durant plusieurs semaines, un long voyage semé d’embûches pour finalement nous retrouver à Paris le 14 septembre 1943.  Avec les fonds nécessaires et des adresses de passeurs fiables,  nous nous retrouvons le 17 novembre à Saint-Jean-de-Luz où les guides basques nous font passer la frontière.  Il faut maintenant obtenir des autorités espagnoles les visas nécessaires pour quitter la péninsule ibérique.  Cela a pris beaucoup de temps,  mais après quelque temps,  nous étions en possession des visas et c’est par Irun,  Madrid et Lisbonne que nous parvenons finalement à gagner l’Angleterre.  Le 24 décembre 1943,  veille de Noël et après cinq mois d’évasion nous rejoignons les Forces Belges en Grande-Bretagne.
Je suis bientôt affecté à la Batterie en qualité de commandant de la « A » Troop.

 

Campagne de Normandie

Incident lors du débarquement,  Albert Duchesne raconte :

C’est au moyen d’échelles de cordes que nous sommes passés du Gladstone aux barges rangées au flanc du Liberty Ship.  Près de moi,  un soldat, Joseph Frederick, veut rattraper une gourde qui va tomber à la mer et tombe à l’eau lui-même.  Mais la barge qui se balance se rapproche dangereusement du navire et menace de l’écrasser.  Il s’en rend compte et pousse un cri d’horreur !  A l’appel et à l’exemple du capitaine Ledent qui, en l’occurence, fait montre d’une grande présence d’esprit, nous nous précipitons pour prendre appui des mains sur la coque du bateau et préserver ainsi un espace vital suffisant.  Puis, l’un de nous le repêche (Ndlr :  le capitaine Ledent se rappelle avoir tendu la main au jeune homme pour le sortir de l’eau).

Mise en place

Dès le 9 août,  à 11h,  la Brigade belge sait qu’elle sera mise aux ordres de la 6th Airborne Division,  qui tient une tête de pont sur l’Orne,  dès que son regroupement et sa mise en état seront terminés.
Le colonel BEM Piron reçoit la visite du commandant de Division,  le 10 août, à 10h.  Celui-ci prévoit la mise en oeuvre de la Brigade belge en deux phases : primo,  position,  en deuxième ligne,  à Ranville ;  secundo,  relève de la 5e Brigade Para,  dès que les reconnaissances seront terminées.  La Batterie passe sous commandement du Commander Royal Artillery (CRA) 6th Airborne Division immédiatement.

La Brigade en position à Ranville

Le 17 août :

L’ordre d’exécuter « PADDLE » arrive à 7h10.  A 12h25,  la 1ère Compagnie reçoit l’ordre d’attaquer à 15h30,  après une nouvelle préparation d’artillerie, en direction de Franceville-Plage.  A 17h15,  la 6th Airlanding Brigade atteint la mer,  à droite des Belges.   Dans l’après-midi,  les Royal Ulster Rifles ont dépassé le 12th Devons sur son objectif et ont récupéré la Troop belge d’autos blindées.  Pendant ce temps,  la 1ère Compagnie arrive en vue de Franceville-Plage,  probablement occupée par une compagnie allemande.  Le capitaine Ledent,  qui se rappelle l’intensité des tirs d’artillerie pendant la journée,  déclenche de nouveaux feux juste avant l’abordage.  La localité est occupée sans difficulté,  entre 19h30 et 20h ;  les Allemands ont disparu.

Le 28 août :

Jean De Prins,  assistant du capitaine Ledent,  nous parle de leur mission d’observation au profit des Britanniques,  dans la région de Beuzeville :

Beuzeville,  le 28 août 1944 :
Tandis que l’infanterie belge progresse par la route côtière,  notre équipe d’observation est affectée à une compagnie anglaise qui reçoit,  à 6h du matin, la mission de s’emparer de Beuzeville.  La Batterie,  quant à elle,  occupe une position d’où elle peut à la fois appuyer la Brigade belge et l’unité britannique.  Avec cette compagnie,  commandée par un major,  nous avons progressé par la route départementale parallèle à la grande-route Pont-l’Evêque - Beuzeville et aboutissant au Sud de cette localité.

Il y a d’abord eu un épisode comique,  une histoire « belge »... Le capitaine Ledent et moi étions à pied près du major.  Celui-ci voulait une approche silencieuse.  Notre bren-carrier suivait donc à quelques centaines de mètres.
J’avais le contact avec Georges Volland grâce à un poste de radio portatif ventral ;  un laryngophone me permettait d’envoyer les messages utiles sans devoir élever la voix.  Nous marchions en file indienne,  dos courbés,  tendus, à l’abri des talus et des haies ;  une vrai guerre de Chouans !  Il était près de midi et nous n’avions pas encore mangé de la journée.  Je signalai,  par radio,  à Georges Volland que j’avais « l’estomac » dans les talons.  Quelques instants plus tard,  malgré les ordres,  la chenillette était à notre hauteur.  Le major anglais était « fou furieux ».  Le véhicule reprit aussitôt la distance mais le capitaine Ledent et moi avions reçu de quoi nous sustenter...

Puis il y a eu l’attaque de Beuzeville.  Arrivés au talus du chemin de fer,  qui domine le chemin de 4 à 5m,  le major donna ordre de le longer un moment car il voulait le franchir par dessus.  Le passage sous le pont ne lui inspirait pas confiance.  Quand l’occasion fut propice,  les premiers se risquèrent,  accueillis aussitôt par des tirs de mitrailleuses et de fusils-mitrailleurs.  Ils furent vite redescendus.  Le major n’était pas content et donna ses ordres pour l’attaque.
Mais entre-temps,  les Allemands s’étaient repliés et c’est sans problème que nous sommes entrés dans Beuzeville.

 

La 1ère Campagne de Hollande

George Volland rapporte ici un récit qui aurait pu tourner au tragique :

Octobre 1944 :  Canal de Wessem en Hollande.  L’équipe d’observation de la « A » Troop se compose du capitaine Ledent,  de son assistant Jean De Prins, du chauffeur Fernand Ramaut et de deux opérateurs radio Roger Holmens et moi-même.  Nous devons passer la nuit dans une petite ferme vide,  absolument isolée,  pas loin des positions allemandes.  Dès la tombée de la nuit,  je place des « trip flares » tout autour de la ferme,  car nous devons nous attendre à recevoir la visite de l’une ou l’autre patrouille allemande.  Placer et enlever ces « flares » était un travail particulièrement délicat dans lequel j’étais devenu véritablement expert.  Holmens fut le premier à monter de garde à l’arrière du bâtiment d’où il pouvait plus facilement entendre s’approcher une patrouille ou observer le déclenchement d’une grenade éclairante.  Le capitaine Ledent devait aller au PC et j’avais,  de ce fait,  laissé un passage sur le chemin d’accès à la ferme.
Nous nous installons dans la cuisine,  une pièce à deux portes dont l’une,  à l’arrière,  donne sur des prairies et l’autre,  à l’avant,  sur le petit hall d’entrée qui conduit par l’escalier à l’étage supérieur et par deux autres portes au chemin d’accès et à l’étable.  Les portes et les volets des fenêtres sont fermés.
Après le départ du capitaine Ledent,  nous plaçons une chaise contre la porte d’entrée de la ferme avec,  dessus,  nos gamelles empilées de telle sorte que le moindre choc déclenche l’alerte.  C’était nécessaire puisque j’avais laissé un passage ouvert sur le chemin.  Trois-quarts d’heure après,  la pile de gamelles s’écroule soudainement sur le sol,  la porte venant d’être poussée.  Nous nous jetons sur le sol et dirigeons nos armes,  prêtes au tir,  vers l’entrée.  Puis la porte de la cuisine s’ouvre à son tour et le capitaine Ledent apparaît.
Quand il nous vit prêts à faire feu,  il s’immobilisa,  devint pâle et sans voix.  Nous l’avons traité de tous les noms,  dans toutes les langues et dialectes,  à tour de rôle...  Quand nous fûmes à court d’ « arguments »,  il fit quelques pas chancelants vers l’avant et s’assit à table.  Puis il y eut un long silence ;  après quoi,  il nous avoua :  « Vous avez raison ! ».  C’était,  sûr et certain,  l’« Understatement » de la semaine.  Je ne comprends toujours pas comment une volée de balles ne l’a pas accueilli car nous avions tous le doigt sur la gâchette et nous étions sous tension.  Quant au capitaine Ledent,  quelle distraction de sa part de ne pas s’être identifié avant de pousser la première porte puis,  à la chute des gamelles,  quelle imprudence d’avoir poursuivi son chemin. 

 

Sainte-Barbe à Etterbeek,  1944 – de gauche à droite :
Capt. Ledent,  Lt. Danckaert,  Lt. Haes,  Lt. Maréchal, SLt Vander Velde

Extraits
"l’ Artillerie Belge en Grande-Bretagne et dans les Combats de la Libération"
1941-1945
First Belgian Field Battery (Regiment)
Par le Lt.Col BEM er J. GELARD

 

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