Raymond KLINKERS - Sgt - Mat 10452

3ème Bataillon

 

Hommage de son petit-fils Luca

 

Travail réalisé par Luca Infantino, petit-fils de Raymond Klinkers, 6ème année primaire.

Félicitations Luca !

 

Quand les derniers témoins racontent la guerre…

Témoignage de mon papy, Raymond Klinkers, 83 ans, ancien sergent de la brigade Piron, sans cesse désireux de transmettre aux générations qui n’ont pas connu la guerre.

Des clous dans les poches pour protéger son pays !

« Je suis né en 1925 et j’avais 15 ans quand j’ai commencé à faire de la résistance. C’est à 19 ans, en 1944, que j’ai été engagé comme militaire dans la brigade. J’ai d’abord été refusé car j’étais trop maigre. Je suis ensuite repassé sur la balance avec des clous dans mes poches et j’ai enfin pu aller me battre. Pourquoi cet acharnement ? Simplement parce qu’il manquait des hommes donc je me suis porté volontaire pour libérer mon pays occupé. J’étais Sergent faisant fonction dans l’artillerie ». 

       

Raymond Klinkers a 19 ans.

 

Jean-Baptiste Piron a marqué l’histoire pour avoir notamment conduit ses troupes à la bataille de Normandie, à la libération de la Belgique et à celle des Pays-Bas durant la seconde guerre mondiale. Il sera chef d’état-major de la force terrestre.

 

Tiraillé par la faim

« Oui, cela a été dur de quitter ma famille mais il le fallait ! C’est le prix de la démocratie ! Je pouvais être mis dans un camp par les allemands à tout moment et j’avais faim ! Ainsi, je me suis caché pendant 3 mois dans un centre de cure et, la nuit, je descendais à pieds nus pour ronger les os laissés par les pensionnés dans leur assiette ».

 

Des conditions difficiles…

« On voyageait beaucoup. Le 24 décembre 1944, par -10°, j’étais de garde sur le pont à Tamize, sur l’Escaut près d’Anvers. Je surveillais le pont, mitraillette au poing car on craignait le retour des parachutes allemands pour récupérer le port d’Anvers. Nous mettions du papier journal sous nos vêtements pour nous protéger du froid.

J’ai aussi fait la deuxième campagne de Hollande, le 8 mai 1945. Puis, j’ai occupé l’Allemagne, notamment à Bonn ».

« Mais la pire période dans cette guerre a été un peu plus tôt lorsque, engagé volontaire à la Croix rouge comme secouriste, je devais dégager les cadavres des bâtiments bombardés, les laver, les mettre en cercueil et les présenter à leur famille qui devait les reconnaître…

Un jour, j’ai perdu un ami cher : il attendait le tram, il a cédé sa place à une dame âgée, la bombe est tombée et il a été tué suite à sa serviabilité ».

 

                

Quand des petites histoires rejoignent la grande histoire…

« Un jour, j’étais occupé à inscrire sur un mur à la craie RAF (Royale Air Force) (pour signaler à la population   que  la R.A.F.    venait d’avoir une victoire) et tout à coup, je sens une main sur mon épaule, je me retourne, c’était un militaire allemand. Je lui ai dit que RAF voulait dire Rien A Faire en français. Il m’a laissé aller ! ».

 Enfin la libération !

« Mon meilleur souvenir se déroule en Hollande lors de l’armistice car la population avait caché un peu de nourriture et nous avons reçu du café et des gâteaux ; c’était la fête, les gens nous sautaient au coup et nous embrassaient ! » 

Vous, les jeunes…

« Aujourd’hui, je participe aux commémorations, par principe, pour rencontrer d’anciens combattants et pour enseigner aux jeunes que cela ne doit plus arriver. Je voudrais aussi dire aux jeunes qu’à la saint Nicolas ou à Noël, il est mieux de recevoir des livres d’histoire que des objets militaires… ».

 

Sur les traces du passé…

Sensibilisé par l’histoire de Papy, j’ai cherché plus d’informations dans les documents qu’il m’apporte souvent lors de nos rencontres et je tombe sur un article disant que, durant ses années de retraite, le général Piron a aussi habité Meefe, un petit village de Hesbaye, non loin de chez moi. Le château de Wasseige, quant à lui, aurait été incendié par les Allemands en déroute le 4 septembre 1944.

Pour Papy, je décide de partir à la recherche de ces traces du passé… Je prends mon appareil photo et, en avant, je mène l’enquête !

  

Raymond Klinkers aujourd’hui.

Arrivé au village de Meefe, je m’informe auprès d’un habitant. Il a bien entendu parler du Général Piron et d’une exposition sur lui à l’école communale mais ignore où il habitait. Il m’envoie chez l’ancienne bourgmestre, Madame Francine Begon. Elle m’indique sans hésiter le chemin de sa maison et me raconte ses souvenirs du  Général qu’elle a connu petite. « Il circulait en Daf dans le village, passait chaque jour devant ma maison, très fier ! Nous lui faisions un petit signe de la main… C’est le fils de l’agriculteur qui habite aujourd’hui sa maison. Le général adorait les animaux et, à sa mort, c’est une voisine qui a hérité de sa maison à condition de prendre soin de ses chats… ».

 

L’ancienne maison du général Piron, aujourd’hui restaurée

 

Jean-Luc Dardenne, l’actuel propriétaire est absent et ses parents qui ont bien connu le Général ne répondent pas davantage… mais Madame Begon m’a promis de prendre contact auprès de la commune pour moi et de me faire signe. Quant au château de Wasseige, à sa connaissance, il n’en reste aucune trace. La boulangère, grande amateur d’histoire, m’apporte un ouvrage désormais introuvable comportant une photo du château en feu mais me confirme qu’il n’en reste rien, hélas. J’aurais aussi voulu trouver la tombe du Général Piron mais nul ne sait où elle est…

 

 

Je raconte alors mon périple à papy qui, ému de mon investissement, m’indique que sa tombe se situe au cimetière de Molenbeek. J’ai le sentiment que mes recherches ne se termineront pas là…

                                                               Luca Infantino